Queues, Fusées, Pierres Tombales
d'Armando Llamas

Mise en scène : Benjamin Bodi

Avec : Agnès Belkadi, Julien Bonnet, Sarah Doignon et Antonio Estevens

Scénographie, construction : Michael Ghent
Lumière : Gilles Garenne
Costumes : Dorotha Kleszcz, Emmanuelle Belkadi

Vidéo : Les Fondus Enchaînent
Montage et Régie son: Maxime Arnold
Montage et régie Vidéo : Julie Malet
Coordination : Mathilde Jeanneaud
Cadreur : Sébastien Berjon
Photos : Maude Gatignol

Présentations
- étape de travail n°1, du 17 au 26 Mai 2004
- étape de travail n° 2 du 25 au 30 Octobre 2004


Queues, fusées, Pierres tombales, 1988, édition Comp’Act, collection L’ACTE MÊME.
Lecture à La Pepinière, Festival d'Avignon, 1986 par Daniel Berlioux, François Clavier et Coco Felgerolles.
Radiodiffusion, réalisation Daniel Berlioux, FM Avignon, 1986.
Lecture au Festival d’Alès 1987 Par Alain Berlioux, Daniel Berlioux, Catherine Kocher et Paula Oliveira.
Lecture à la Médiathèque, Grenoble, 1989.
Lecture sous la direction de Laurent Ogée, Théâtre Ouvert, Paris, 1990.
Lecture au C.R.D.C. de Nantes par Stanislas Nordey, 1993.
Mise en espace de Stéphanie Beghain, Salle Louis Jouvet, C.N.S.A.D., 1997.

(Ce texte n’a jamais été mis en scène et n’est plus disponible dans les librairies. Les éditions Comp’Act n’envisagent pas de le republier.)



NOTE D’INTENTION

Queues, Fusées, Pierres Tombales est une histoire passionnelle entre un père et son fils, l’histoire d’une passation de pouvoir, une interrogation profonde des rôles que nous jouons en famille, dans la vie, au théâtre…Un questionnement sur la paternité et l’amour filial.

Dans beaucoup de dramaturgie contemporaine nous retrouvons cette volonté de ne plus nommer les personnages, mais de les désigner par leur fonction : Le Fils, La Sœur, Le Père, La Narration. L’idée de morcellement de l’individu est très présente. Le tout et ses différentes parties.
Ici nous cherchons à décliner les particularités qui désignent
la figure du Père : (le père géniteur, le père spirituel, Dieu le père, le père despote, le père absent, le père incestueux…)
la figure du Fils : ( le fils à papa, le fils esclave, le fils prodige, le fils honteux…)
la figure de la Sœur : (la sœur aînée, la sœur jumelle, la sœur d’infortune, l’âme sœur…).
Il y a une volonté que tout se passe dans la tête d’un seul, à la fois Père, Fils et Sœur. La multiplicité de la dégénérescence de l’individu. La confrontation de ces différentes fonctions au sein de la famille puis de la société.
Pour représenter cette confusion individuelle, l’onirisme et le fantasme sont les modes que j'ai pensé les mieux appropriés.
J’ai choisi de créer un univers à la fois baroque et naïf, un univers d’enfant qui soit simultanément la genèse de l’individu et celle de l’humanité. C’est une résonance qui m’intéresse particulièrement, ce qui existe de remarquable entre le microcosme et le macrocosme.
Pour parler de leur naissance les figures font sans cesse référence à des visions antiques et aux origines du monde comme si chaque tranche de vie humaine correspondait avec une époque précise de l’histoire de l’humanité. Pour parler d’eux ils couvrent tous les espaces géographiques, historiques et culturels, "les pôles inaccessibles de l’espace et du temps".
Cette idée que tout se répète indéfiniment au fil des âges et plus particulièrement en ce qui concerne le rapport amoureux est le cœur de ce texte.
Pour mettre en exergue cette notion, Armando Llamas introduit le figure de la Narration, cruelle et magnifique, une figure qui noie dans l’alcool son désenchantement face aux clichés, à la restriction des schémas que nous impose la condition humaine.
Pour mettre en exergue cette notion sur le plateau nous utilisons le cinéma comme dispositif qui fragmente, coupe, grossit, prélève, élude. Le cinéma comme art populaire, imagerie collective de notre siècle, le cinéma des émotions fortes et des schémas solides.

C’est un constat qu’entre l’écran et le plateau l’Histoire est la même. Constat qu’entre le monde à soi et le monde entier la distance est nulle. Que la trame des intrigues amoureuses reste le même quelques soient les époques, les sexes, les âges, les travers et la morale.

Il réside dans ce texte une dimension de sang, quelquechose qui se transmet génération après génération, un sang des origines qui coulerait dans les veines d’une même et vaste famille – l’humanité galopante…

Amour vécu ou fantasmé, il y a malgré tout de la part de chacun un effort pour s’émanciper des figures, pour trouver sa propre vérité, son intégrité, le chemin intérieur qui permet d’accéder pleinement et véritablement à soi. Il y a de la violence à se dépouiller des subterfuges encombrants, une série de petites morts à répétitions, de jouissance déclinées sous plusieurs formes, de renaissances profusent au travers desquelles chacun tente de se réaliser.

Extrait du texte :

« (…) Tu vivras ici ma fille, tu mangeras ici, avec ton vieux père, ton seul amour, tu seras le réconfort de mes vieux jours, je ne me mirerai que dans ton regard, car toi tu es mon sang, sang de mon sang, chair de ma chair, je t’ai faite avec un jet puissant du jus de mes couilles, embrasse-moi – viens ouvre ma braguette – suce-moi – je t’aime comme tu es, telle que tu es, jamais rejet aucun ne viendra de moi, bois ma pisse, mange ma merde, tu ne seras que plus chère à mes yeux (…) »

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